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Fêtes de la Nature 2023, observation des papillons de nuit au parc des Beaumonts by beaumonts

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Champignons d’automne 2022 by beaumonts

En introduction, j’ai repris une partie du texte rédigé il y a quelques années sur ce site.

Dans le cadre d’opérations de coupes, reboisement du parc, afin de maintenir sinon accroître la biodiversité, les quelques réflexions suivantes pourraient aider les personnes chargées de l’entretien ou de la rénovation de certaines parcelles.

Le but n’est pas d’accroître pour le simple plaisir du mycologue la flore fongique, mais de la développer car elle est en relation avec le monde végétal et le monde animal.

-Aide à la décomposition des arbres morts ou sénescents, branches et feuilles mortes, assurant une ressource alimentaire pour les insectes, hexapodes, myriapodes et plus haut dans la chaîne alimentaire, servant de nourritures aux micromammifères et aux oiseaux insectivores.

– Aide à l’implantation de jeunes arbres et à leur meilleur développement.

La première voie est celle des champignons saprophytes qui sont majoritaires chez les ascomycètes et les basidiomycètes.

La seconde voie est celle des champignons symbiotiques mycorhiziens.

Les espèces recensées au parc des Beaumonts sont essentiellement des champignons saprophytes ou parasites. Les champignons mycorhiziens sont en très petit nombre. Ceci est du essentiellement à l’absence ou à un nombre trop réduit d’arbres assurant un mutualisme mycorhizien (chênes, charmes, hêtres, peuplier, bouleaux pour les feuillus caducifoliés; pins, sapins, mélèzes, cèdres…pour les conifères).

L’accroissement des espèces saprophytes peut se faire en laissant certains arbres et branches abattus sur le sol afin de favoriser leur décomposition. Le broyage de branches pour la fabrication de mulch qui serait étendu par endroits permettrait une décomposition plus rapide et pourrait accueillir au bout de un à trois ans certaines espèces de champignons.

Le développement d’espèces mycorhiziennes serait envisageable avec un reboisement de certaines parcelles avec des feuillus assurant le mutualisme mycorhizien. Selon le sol et l’exposition on pourrait peut être planter des charmes, des chênes dans la partie boisée du Parc Mabille à la place de certains robiniers ou érables sénescents. Les noisetiers sont également intéressants pour la faune et la fonge.

Enfin le tassement du sol en sous-bois entraîne une plus grande étanchéité de sa surface et freine le développement du mycélium. L’absence d’humus en surface n’est ni favorable aux champignons, ni aux plantes de sous-bois, ni aux arbustes ou arbres.

Quelques espèces intéresantes de champignons ont été observées cet automne 2022. Certaines avaient déjà été inventoriées dans le parc mais ne « fructifient » pas chaque année.

– 1 Quelques beaux polypores sont brièvement présentés. Ils se trouvent dans la partie boisée du parc.

Le Lenzite tricolore Daedaleopsis tricolor (Bull.) Bondartsev & Singer est un champignon dont la fructification forme une sorte d’éventail pouvant atteindre une quinzaine de cm. La face piléique (face supérieure) est d’un beau rouge sombre, glabre et zonée. La partie hyménophorale (face inférieure) est constituée de pores très allongés en forme de lames. Ce champignon ne se développe que sur le bois mort de Merisier ou de divers Prunus. On peut le rencontrer dans d’autres bois ou forêts sur d’autres essences que le Merisier. En général on observe toujours plusieurs fructifications sur le même tronc ou sur la même branche. Il y avait plusieurs dizaines de fructifications sur le même tronc abattu. Un des carpophores a été retourné pour illustrer les pores en forme de lames.

Lenzite tricolore Daedaleopsis tricolor, Beaumonts le 2 novembre 2022, cliché André Lantz,

Le Polypore bai Polyporus badius (Pers.) Schwein. possède un pied excentré. Le chapeau lisse est d’un beau brun-rouge, ou brun ochracé ou crème ochracé. Le chapeau est d’assez grande taille et peut atteindre plus de 20 cm de diamètre. Le pied mesure plusieurs cm. La face hyménophorale de couleur crème est constituée de très nombreux petits tubes aboutissant à des pores. On peut en compter de l’ordre de 4 à 6 par mm. Le diamètre d’un pore est voisin de la distance qui le sépare des ses voisins. Les tubes sont décurrents sur le pied qui est blanchâtre en haut puis noirâtre en bas. Le pied est inséré dans le bois mort. Cette espèce pousse essentiellement sur les bois morts de feuillus. En général les fructifications ne sont pas isolées. C’est la première fois que je l’observe au parc. Une dizaine d’exemplaires de cette espèce se trouvait sur un arbre mort déraciné. L’exemplaire situé sur la gauche de la photo a été retourné pour montrer la face hyménophorale blanche et le pied en bas.

Polypore bai Polyporus badius , Beaumonts le 2 novembre 2022, Cliché André Lantz

-2 Les champignons à lames

Rhodotus palmatus (Bull. : Fr) Maire

C’est une espèce très reconnaissable par sa couleur et son odeur. La jolie couleur rose saumon du chapeau et des lames est caractéristique. Le chapeau peut être visqueux dans la jeunesse et de grosses veines peuvent constituer un réseau chez certains exemplaires. La pellicule gélatineuse du châpeau est séparable. L’odeur de cette espèce est voisine de l’abricot. Il ne semble pas être comestible. Cette espèce saprophyte se développait essentiellement sur les Ormes morts. Depuis la disparition des Ormes adultes par le scolyte, on peut maintenant l’observer sur d’autres feuillus.

Rhodotus palmatus, Beaumonts le 2 novembre 2022, cliché André Lantz

Coprinopsis melanthina (FR.) Kits van Wav.

Cette espèce dont le nom de genre a changé récemment (Psathyrella melanthina) a déjà été observée deux fois au parc. Le chapeau mesure de 2 à 5 cm de diamètre. Il est recouvert de petites mêches dans la jeunesse. Comme souvent chez les Psathyrelles ou les Coprins les carpophores sont très fragile et se cassent rapidement en les prélevant. Les lames sont claires et brunes et ne noircissent pas comme celles des Coprins ou de certaines Psathyrelles. Le pied blanchâtre est pruineux. Elle affectionne les lieux humides. On la trouve souvent associée au Robinier faux-acacia. C’est un champignon saprophyte.

Coprinopsis melanthina , Beaumonts le 26 octobre 2022, Cliché André Lantz

– 3 Les champignons pleurotoïdes.

Sont rangés dans ce groupe les champignons à chapeau possèdant un pied nul ou réduit et latéral. La face inférieure est constituée de lames ou de plis plus ou moins bien formés. La chair est molle et filamenteuse.

Les Pleurotes font partie de ce regroupement.

La sporée des Pleurotes est blanche.

Pleurotus dryinus (Pers. : Fr) P. Kumm.

Cette espèce est beaucoup moins commune que la Pleurote en forme d’huître (Pleurotus ostreatus).

Son chapeau est de couleur blanc à crème et feutré-laineux couvert de petites mêches. Les lames blanches sont décurrentes sur le pied latéral. Ce dernier possède un anneau fragile qui disparaît avec l’âge. L’odeur est très légèrement fruité. C’est un saprophyte qui croît sur feuillus. Ce n’est que la seconde fois que je l’observe dans la partie boisée des Beaumonts.

Pleurotus dryinus, Beaumonts le 5 octobre 2022, cliché André Lantz

Les Crépidotes font aussi partie des espèces pleurotoïdes, mais elles s’en distinguent par une taille beaucoup plus petite. Certaines ne dépassent pas 1 à 2 cm. Les Crépidotes sont également des espèces saprophytes sur bois morts ou végétaux morts.

Elles sont attachées à leur support par un très court pied latéral. Ce pied peut être inexistant. En général leur chapeau est blanc ou légèrement coloré. Certaines espèces présentent même des squames sur le chapeau. La sporée est brune à brun rouille quand le sporophore commence à fructifier. Les individus sont parfois très nombreux sur le même support.

Quelques espèces sont facilement déterminables par leurs caractères macroscopiques. Par contre l’étude microscopique est nécessaire pour séparer les autres espèces.

Au parc des Beaumonts 5 espèces ont déjà été recensées:

Crepidotus cesatii ; Crepidotus epibryus, Crepidotus luteolus, Crepidotus mollis et Crepidotus variabilis.

La nouvelle espèce trouvée cet automne est Crepidotus malachius (Berk. & M.A. Curtis) Sacc.

Crepidotus malachius ne peut être distingué macroscopiquement de Crepidotus applanatus.

Les représentants de ces deux espèces sont d’assez grande taille pour le genre car les chapeaux s’étalent sur une longueur de 1 à 5 cm. Ils sont lisses ou très peu veloutés. La couleur va du blanc au beige ochracé. Les lames sont blanches dans la jeunesse puis ochracées lorsque les spores mûrissent.

Crepidotus malachius , Beaumonts le 26 octobre 2022, cliché André Lantz

On les trouve sur bois mort de feuillus ou plus rarement sur conifères. Une dizaine d’exemplaires de C. malachius poussaient sur un vieux tronc humide couvert en partie de Lierre.

Les spores de C. malachius sont un peu plus grandes que celles de C. applanatus. Les cystides présentes sur l’arête des lames sont davantage cylindriques et forment peu de sommet élargi en spatule. La description est fournie dans l’ouvrage:

I1 Genere Crepidotus in Europa Giovanni Consiglio e Ledo Setti. A.M.B. Fondazione Centro Studi Michologici. (Dicembre 2008).

En microscopie, pour mieux observer les spores, on utilise un colorant rouge. La préparation illustrée par la photo ci-dessous montre que les spores sont presques sphériques et qu’elles possèdent de petites épines. Elles ne sont pas lisses mais échinulées.

Crepidotus malachius, Beaumonts le 26 octobre 2022, spores, une petite division du réticule correspond à 1 µm. cliché André Lantz

C. malachius semble nettement plus rare que C. applanatus. Cette rareté peut aussi être attribuée à l’absence d’étude microscopique systématique pour ces deux espèces très voisines.

A. Lantz le 16 novembre 2022.

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Compte-rendu de la soirée d’observation des Hétérocères du 30 septembre 2022. by beaumonts

8 participants et participantes étaient présents.

La température était d’environ 15 °C. Le vent nul à faible. Les nuages présents rediffusaient la lumière des villes mais sans UV. La séance a débuté vers 19h50 et s’est terminée vers 22h quelques minutes avant la pluie. Elle a été un peu plus courte que les séances d’été. mais ces dernières n’avaient commencé que vers 22h.

Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts Nature en ville.

Les observations et photographies ont été réalisées sur un drap blanc éclairé par une lampe Lepiled (lampe à diodes électroluminescentes), sauf mention contraire.

Nous avons retrouvé quelques espèces observées à l’automne 2021 et des espèces plus banales.

Globalement nous avons constaté moins d’individus qu’au début août, ce qui est logique car en automne et en hiver le nombre d’espèces de papillons de nuit est beaucoup plus faible qu’en été. Cependant certaines espèces ne volent que dans ces saisons et il est donc nécessaire de procéder à des observations nocturnes pour les identifier.

Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères ont également été attirés par ces radiations lumineuses: Coléoptères, Diptères, Homoptères.

Concernant les Diptères, nous n’avons observé qu’une petite mouche dont la longueur ne dépasse pas 3 à 4mm. Elle appartient à la famille des Chloropidae qui compte plus de 2000 espèces. Les larves sont généralement saprophages ou phytophages. Certaines vivent à l’intérieur des graminées en y creusant une mine. Quelques unes sont prédatrices de pucerons.

L’exemplaire observé aux Beaumonts est le Chlorops grégaire: Thaumatomyia notata (Meigen,1830). L’espèce est caractéristique par son triangle noir sur le front, ses bandes noires sur le thorax et son abdomen jaune et noir. Une grande soie termine le scutellum (Partie qui prolonge le thorax avant l’abdomen). Elle est inféodée aux graminées. Les imagos se nourrissent de nectar et des excrétions des larves de Coléoptères Chrysomelidae. Les larves sont carnivores et vivent dans les racines des plantes, surtout des graminées. Elles y consomment les pucerons des racines. Il arrive qu’elles forment des essaims de plusieurs millions d’individus et pénètrent dans des bâtiments en automne pour hiverner. Cependant elles peuvent affronter des températures extérieures de -30°C. (Emilia P. Narchuk)

Thaumatomyia notata, Beaumonts, 30 septembre 2022; cliché André Lantz

Le second, beaucoup plus gros, est une Tipule (ou Cousin) caractérisé par de grandes ailes et de très grandes pattes. Certaines personnes les prennent pour des moustiques géants. En fait ils sont totalement inoffensifs. Leurs laves vivent dans le sol sur les racines de différentes plantes.

Il s’agit de la Tipule du chou: Tipula oleracea (Linnaeus, 1758), espèce très commune.

Tipula opleracea, Beaumonts, 4 juillet 2013, cliché André Lantz

Parmi les coléoptères ont retrouve toujours quelques coccinelles asiatiques Harmonia axyridis (Pallas, 1773).

Enfin parmi les Homoptères, plusieurs représentants des Cicadellidae bien reconnaissables à leur manière de sauter s’étaient invités à cette soirée. Le nom vernaculaire est Cercope des prés ou Philène spumeuse : Philaenus spumarius (Linnaerus, 1758) de la famille des Aphrophoridae. Cette espèce présente plusieurs formes. Celle de la photo est caractérisée par une bordure claire. Des exemplaires bruns avec des taches plus ou moins claires étaient également présents.

Philaenus spumarius, Beaumonts, 30 septembre 2022, cliché André Lantz

Les larves de ciccadelles percent avec leur rostre les végétaux pour se nourrir. Pour se protéger de prédateurs potentiels elles forment un amas de bulles qui les recouvrent entièrement comme chez les Cercopes. Cette masse de bulles est désignée par «crachat de coucou». En effet l’apparition de ces amas serait synchrone de l’arrivée des coucous.

Crachat de coucou sur saule, Beaumonts, 19 mai 2010; cliché André Lantz

En ce qui concerne les Hétérocères nous avons retrouvé une espèce automnale, la Xanthie dorée: Tiliacea aurago (Denis et Schiffermüller, 1775), que nous avions vue la première fois en 2021. (Cette espèce portait avant la désignation Xanthia aurago). Deux imagos ont été attirés mais sans s’arrêter sur le drap. On peut donc confirmer qu’à priori il ne s’agit pas d’adultes de passage, mais que cette espèce est installée dans le parc des Beaumonts. Sa chenille vit sur différentes espèces d’arbres. L’imago vole en une seule génération de mi-septembre à fin octobre.

Tiliacea aurago, Beaumonts, 30 septembre 2022; cliché André Lantz

Chez certaines noctuelles certains dessins caractéristiques aident à la détermination. En particulier on peut s’intéresser à deux taches particulières sur l’aile antérieure: La première située à environ 1/3 à partir du point d’attache de l’aile au thorax et positionnée vers le bord antérieur de l’aile (côte) est la tache orbiculaire (en forme de rond), la seconde aux environs des 2/3 est la tache réniforme (en forme de rein).

Une autre espèce automnale, déjà photographiée de jour dans le parc en 2019, s’est posée sur le drap. Il y a eu deux ou trois imagos. Il s’agit de la noctuelle Xestia xanthographa (Denis et Schiffermüller, 1775) : La Ségétie trimaculée ou la Trimaculée. L’aile antérieure est brun grisâtre. Les ligne transverses sont peu nettes, La tache réniforme blanchâtre et bien nette, l’orbiculaire plus estompée est roussâtre plus ou moins clair. Les postérieures sont blanchâtres et présentent une bordure grise. Il existe de nombreuses formes avec diverses colorations des ailes antérieures allant du noirâtre au gris et à l’ocre.

Xestia xanthographa, Beaumonts, 30 septembre 2022; cliché André Lantz

Cette espèce univoltine vole d’août à septembre. Sa chenille se nourrit de graminées et de diverses plantes basses, de jeunes feuilles de saules et de chênes. C’est une espèce commune.

Xestia xanthographa, Beaumonts, 30 septembre 2022, photographiée en studio, cliché André Lantz
Xestia xanthographa, Beaumonts, le 1er octobre 2019, cliché André Lantz

Nous avons aussi retrouvé les espèces communes observées cet été

Le Hibou: Noctua pronuba (Linnaeus, 1758) est une noctuelle d’assez grande taille. Les ailes postérieures sont jaune clair avec une bordure noire. On peut noter une coloration claire sur la côte de l’aile antérieure.

Noctua pronuba, Beaumonts, 30 septembre 2022, cliché André Lantz

La Hulotte: Noctua comes Hübner, 1813 ressemble un peu au Hibou mais est de taille inférieure.

Noctua comes, Beaumonts 30 septembre 2022, cliché studio, André Lantz

Enfin Le Casque: Noctua janthina (Denis et Schiffermüller, 1775) ou Le Collier soufré: Noctua janthe (Borkhausen, 1792) a fait une courte apparition. La détermination de l’espèce aurait nécessité le prélèvement de l’imago. Ce n’est pas très utile car nous savons que les deux espèces cohabitent dans le parc.

Deux espèces de Géomètres se sont posées sur le drap.

Une espèce très commune au parc des Beaumonts est l’Alternée : Epirrhoe alternata (Müller, 1764). Sa chenille vit sur le Gaillet (Galium aparine) ou Gratteron. Il y a deux générations par an, la première en mai-juin, la seconde en juillet-septembre. En journée l’adulte s’envole quand on le dérange et va se poser quelques mètres plus loin. Elle est reconnaissable à ses bandes claires et sombres disposées en alternance.

Les deux photos suivantes illustrent les positions que peuvent adopter les géomètres au repos. Soit les ailes sont redressées sur le corps comme beaucoup de Rhopalocères (papillons de jour) au repos; soit elles sont posées à plat. Les dessins des ailes antérieures sont alors en continuité avec ceux des ailes postérieures.

Epirrhoe alternata, Beaumonts 30 septembre 2022; cliché André Lantz
Epirrhoe alternata, Beaumonts 30 septembre 2022, cliché André Lantz

Enfin une Boarmie rhomboïdale ou Boarmie commune, Peribatodes rhomboidaria (Denis et Schiffermüller, 1775), un peu «frottée», ayant perdu une partie des écailles qui ornent les ailes, s’est posée vers la fin de la session. Cette espèce est très courante. On peut aussi la rencontrer sur les murs en ville. Les antennes pectinées sont l’apanage du mâle. Elles augmentent la sensibilité de réception des phéromones émises par les femelles. On remarquera que chez cette espèce la pectination s’arrête nettement avant l’apex de l’antenne. Espèce bivoltine, on la trouve de mai à octobre. La chenille est polyphage.

Peribatodes rhomboidaria, Beaumonts, 30 septembre 2022, cliché André Lantz

André Lantz le 3 septembre 2022.

littérature consultée:

-Guide des Mouches et des Moustiques, J. et H. Haupt, Delachaux & Niestlé, 2000

-Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres; Patrice Leraut,N.A.P. Editions, 2009

-Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2; Patrice Leraut,N.A.P. Editions, 2019

-Foyers de mouche carnivore Thaumatomyia notata Meigen (Diptères: Chloropidae) et leur périodicité ; Emilia P. Narchuk, Institut zoologique, Académie russe des sciences, Universitetskaya nab., 1, Saint-Pétersbourg, 199034, Russie



Compte-rendu de la nuit des chauves-souris au parc des Beaumonts le 10 septembre 2022 by beaumonts

Pamela Amiard

Cette balade nocturne, encadrée par une chiroptérologue bénévole de l’association des Amis Naturalistes des Coteaux d’Avron (ANCA)1 a été réalisée dans le cadre de l’animation des parcs d’Est Ensemble.

L’ANCA a donné rendez-vous à tous les curieux de nature au Parc des Beaumonts pour découvrir de drôles de mammifères volants : les chauves-souris ! Ainsi, 25 participants, petits et grands, ont répondu à l’appel.

Après discuté du cycle biologique de ces étonnants mammifères le petit groupe s’est dirigé après la tombée de la nuit vers la mare perchée, point d’observation privilégié pour voir et surtout « écouter » les chauves-souris. En effet, les points d’eau sont plus riches en insectes, leurs proies préférées.

Comment entendre les chauves-souris ?

Pour se repérer avec une grande précision dans la nuit, les chauves-souris émettent des ultrasons (au-delà de 20 000 hertz). Ces cris sont inaudibles pour l’oreille humaine qui entend de 16 hertz et 20 000 hertz.

Selon les espèces, les sons sont émis par la bouche ou le nez et vont ricocher sur les obstacles qu’ils vont rencontrer (arbres, murs, insectes …). L’écho revient aux chauves-souris, et l’animal peut ainsi se faire une image mentale de son environnement. C’est le principe de l’écholocation.

Schéma illustré du principe d’écholocation chez la chauve-souris © MNHN – Sophie Fernandez

Chaque espèce émet des cris dont les caractéristiques (formes, fréquence, durée …) sont propres à chaque espèces. Ce sont ces informations qui sont utilisés par les chiroptérologues (ceux qui étudient les chauves-souris) pour identifier les espèces. Plusieurs dispositifs sont utilisés pour entendre et enregistrer les chauves-souris. Lors de notre balade nocturne, deux appareils ont été montrés :

  • Une Batbox, qui permet des capter les ultrasons et les restituer dans une fréquence perceptible par l’oreille humaine.
  • Un microphone à ultrasons (Pettersson M500-384 USB) qui se branche sur un smartphone et qui permet d’enregistrer et de visualiser les cris.

Nous avons pu identifier deux espèces de chauves-souris virevolter au-dessus de la mare : la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) et le Pipistrelle de Kuhl (P. kuhlii).

Ces deux espèce sont très présentes en milieu urbain. On peut les observer chasser dans différents types de milieux tels que les jardins, les parcs urbains ou les lisières forestières. Leurs gîtes sont essentiellement liés aux constructions humaines : greniers, garages, fissures des bâtiments …

Il est à noter que la Pipistrelle commune n’est plus si commune que cela en Ile-de-France, elle est « quasiment en danger (NT) » sur la liste rouge des chauves-souris d’Ile-de-France.

Pipistrelle de Kuhl © Laurent Arthur.

Rappelons que le parc des Beaumonts accueille d’autres espèces tel que le Murin à moustaches (Myotis mystacinus), les noctules (Nyctalus sp.) ou Sérotine commune (Eptesicus serotinus) … Les conditions météorologiques du 10 septembre (fortes pluies dans la journée et vent) n’étaient pas optimales.

La France métropolitaine compte 34 espèces de chauves-souris dont une vingtaine en Ile-de-France. Toutes les chauves-souris sont protégées sur le territoire national.

Au cours de notre balade à travers les allées du parc, nous avons eu la chance d’entendre la Chouette hulotte (Strix aluco) et de croiser un Crapaud commun (Bufo bufo) en phase terrestre.

Pour aller plus loin :

https://www.nuitdelachauvesouris.com

https://www.vigienature-ecole.fr/node/102

https://www.sfepm.org/presentation-des-chauves-souris.html

1 http://www.anca-association.org

mis en ligne le 19 septembre 2022 par André Lantz



Inventaire des Hétérocères aux Beaumonts réalisé le 6 août 2022 by beaumonts

Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts Nature en Ville.

Les observations et photographies sur le drap éclairé par une lampe Lepiled (lampe à diodes électroluminescentes) ont eu lieu du samedi 6 août vers 22h au dimanche 7 août vers 0h 30. Cette session se situe donc 15 jours après celle réalisée en juillet 2022.

Nous avons donc retrouvé une bonne partie des espèces qui étaient présentes en juillet. La durée de vie des imagos, surtout en période chaude étant limitée, ce sont d’autres imagos issus de nouvelles éclosions qui ont été attirés.

Globalement nous avons constaté moins d’individus. Deux phénomènes indépendants justifient cette diminution. Le premier, bien connu des observateurs, provient de la lumière solaire qui est réfléchie par la surface de la lune et qui sert de repère pour les Hétérocères. Beaucoup moins d’hétérocères sont attirés par les pièges lumineux les jours de pleine lune (non cachée par une couverture nuageuse).

Le second est certainement lié à la période de chaleur et de sécheresse prolongée. Les insectes vivent moins longtemps et les éclosions s’étalent moins dans le temps.

Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères sont également attirés par ces radiations lumineuses : Coléoptères, Diptères, Hémiptères, Trichoptères…

Nous avons donc observé quelques coccinelles, des punaises, et de nouvelles espèces identifiées que nous allons présenter

Concernant les Diptères, nous avons observé un Chironome prevenant de la mare attenante à notre emplacement.

L’ordre des Diptères se subdivise en deux sous-ordres : les Nématocères ( antennes formées de plus de 3 articles de même taille) et les Brachyptères (antennes constituées de 3 articles ou formées de plus de 3 articles mais de taille très différentes).

Les Nématocères comptent environ 5000 espèces situées essentiellement dans les Tipules, Moustiques et les Chironomes.

Les larves des Chironomes sont très nombreuses par rapport aux nombre d’adultes et vivent beaucoup plus longtemps que les adultes dont le rôle principal est de se reproduire le plus rapidement possible. C’est pour cette raison qu’elles jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire, d’une part en servant de nourriture à de nombreux poissons et dans la filtration de l’eau d’autre part, éliminant des polluants et reminéralisant le milieu. Ces larves sont bien connues des pêcheurs qui les désignent par vers de vase.

La larve, de couleur rouge sang, contient de l’hémoglobine. Cette substance réalise l’absorption de l’oxygène nécessaire aux développement de la larve qui vit souvent dans des eaux peu oxygénées.

L’adulte mâle n’ayant pu être photographié correctement sur le drap, il a été photographié malheureusement déjà mort le lendemain avec la lumière naturelle.

Le Chironome se caractérise par un thorax bombé, un abdomen assez long de l’ordre de 1 cm dépassant la paire d’ailes. Les six pattes sont fines et les tarses des antérieures sont très allongés. On notera les antennes « plumeuses » de ce mâle. La couleur bleutée sur l’aile droite provient des interférences occasionnées par l’orientation de la source et les microstructures de l’aile. Elles disparaissent avec une autre orientationde la source.

Chironome mâle, Beaumonts le 6 août 2022; cliché André Lantz

Les très nombreuses espèces de chironomes ne peuvent être différentiées que par l’étude des génitalia.

Concenant les Trichoptères nous avons observé un imago de l’espèce : Mystacides longicornis (Linnaeus, 1758).

L’ordre des Trichoptères regroupe environ 12 000 espèces mondiales. Les laves vivent dans les milieux aquatiques : mares, étangs, rivières… Elles se développent en construisant un fourreau au moyen de sable, graviers, bois qu’elles récupèrent dans l’eau. Certaines sont végétariennes et d’autres carnivores. Les adultes possèdent 4 ailes nervurées et recouvertes de poils. Les ailes de papillons (diurnes et nocturnes) sont munies d’écailles. Les membres de la famille des Leptoceridae possèdent de très longues antennes et ressemblent un peu aux papillons de la famille des Adelidae. Mystacides longicornis possède un corps et des ailes d’environ 8 à 10mm de long. Par contre les antennes annelées dépassent 2 cm. L’adulte vole en soirée.

Mystacides longicornis, Beaumonts, 6 août 2022; cliché André Lantz

Les ailes antérieures sont assez sombres, mais une vue rapprochée et une image plus contrastée permet d’observer des bandes alternées de poils jaune et noir sur l’aile supérieure gauche de cet individu.

Seulement deux nouvelles espèces d’Hétérocères pour le parc des Beaumonts ont été observées lors de cet inventaire.

La première appartient à la famille des Géométridae. Il s’agit de la Phalène des pâturages ou l’Acidalie invariable: Scopula immutata ( Linnaeus, 1758). Cette espèce est restée quelque temps sur le drap mais s’est envolée avant la fin de la session. Cette gracieuse géomètre est caractéristique avec son fond blanc jaunâtre clair et ses lignes sinueuses transversales jaunes. Les points noirs discaux sur chaque aile sont bien marqués. La chenille consomme différentes plantes basses et affectionne les endroits frais ou humides: prés, bord des cours d’eau, lisières fraîches…

La Phalène des pâturages, Scopula immutata, Beaumonts, 6 août 2022, cliché André Lantz

L’Acidalie invariable est bien répandue en France mais peu fréquente.

La seconde appartient à la famille des Notodontidae qui regroupe en France seulement une quarantaine d’espèces. Les adultes sont de taille moyenne (envergure de 3cm environ) à grande (7 cm). Leur corps est assez volumineux. C’est dans cette famille que l’on trouve les processionnaires du pin et du chêne dont les chenilles grégaires tissent des nids collectifs et sont recouvertes de poils particulièrement urticants.

Le Museau Pterostoma palpina (Clerck, 1759) ne s’est posé, pas plus d’une minute vers 23h, avant de repartir. C’est la seule espèce dans la famille a posséder des palpes très allongés d’où son nom vernaculaire. La chenille consomme les feuilles de différentes essences arbustives: peupliers, aulnes, chênes, tilleuls…

Le Museau, Pterostoma palpina, Beaumonts, 6 août 2022, cliché André Lantz

L’espèce est bivoltine. La première génération vole de d’avril à juin et la seconde de juillet à septembre. Cette espèce est considérée commune. Philippe Mothiron signalait dans son ouvrage en 2010: Très commun partout , même en ville. Vol du mâle souvent assez tardif (minuit). Il est assez paradoxal que cette espèce n’ait pas été signalée dans les inventaires du département de la Seine-Saint-Denis depuis sa « dernière » observation par Gérard Brusseaux en 1993.

Une nouvelle espèce pour le parc a été découverte lors de cette soirée. Il s’agit de l’Hydrille domestique Proxenus hospes ( Freyer, 1831). Cette espèce ne se trouvait encore très récemment que dans les régions mediterranéennes, et sur la côte atlantique. Elle a migré rapidement vers le nord et a été observée récemment à Paris dans les jardins du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris par Partice Leraut. Elle a été observée également en 2020 par Alexis Borge en 2020 en Seine-Sait-Denis. Cette espèce est bivoltine. On rencontre l’adulte de mars à juin puis d’août à septembre. La chenille consomme diverses plantes basses. C’est un migrateur qui se retrouve en zone urbanisée.

L’envergure de l’adulte se situe entte 23 à 29 mm. L’aile antérieure est étroiteà apex obtus, de couleur brun noirâtre. Les dessins sont vestigiaux. L’aile postérieure est blanche.

Proxenus hospes, Beaumonts, photo studio, 6 août 2022, cliché André Lantz
Proxenus hospes, imago préparé, Beaumonts, 6 août 2022, cliché André Lantz

Autres espèces observées:

Tortricidae: Eucosma conterminana

Pyrales: Agriphila straminella

Ancylolomia tentaculella

Homoeosoma sinuella

Sitochroa verticalis

Géometridae: Ematurga atomaria

Horisme radicaria

Idaea degeneraria

Noctuidae: Acronicta rumicis

Craniophora ligustri

Mythimna pallens

Noctua janthina

Xestia c-nigrum

André Lantz le 12 août 2022, modifié le 3 septembre 2022.

littérature consultée:

-Guide des Mouches et des Moustiques, J. et H. Haupt, Delachaux & Niestlé, 2000

-Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France III Bombicoïdes, Philippe Mothiron

supplément hors-série au tome 23 d’Alexanor, 2010

-Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres; Patrice Leraut,N.A.P. Editions, 2009

-Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2; Patrice Leraut,N.A.P. Editions, 2019



Inventaire nocturne des Hétérocères du 22 juillet 2022 by beaumonts

Depuis l’automne 2021 nous effectuons des observations nocturnes des papillons sur le parc des Beaumonts. Si la connaissance des Rhopalocères est bonne et peut être complétée assez facilement chaque année par plusieurs observateurs sur le parc, l’inventaire des Hétérocères est plus délicate. En effet de nombreuses espèces restent cachées le jour et ne peuvent être observées que la nuit pour celles qui sont attirées par la lumière. De plus beaucoup d’espèces ne peuvent être différentiées qu’après capture et certaines nécessitent l’examen des armures génitales (genitalia). Pourtant la très grande majorité des lépidoptères sont de mœurs nocturnes. En effet, même si les papillons de jour (Rhopalocères) sont bien connus, leur effectif ne représente pas plus de 5 % de l’ensemble des espèces (environ 5300 en France). Les Hétérocères nocturnes peuvent être également de bons bio-indicateurs. Certaines espèces sont en relation étroite avec des espèces végétales rares ou menacées, d’autres sont liées à des biotopes qui se raréfient (zone humide, prairie calcicole…) La connaissance et le suivi de ces espèces peuvent s’avérer indispensable pour les techniques de gestion des biotopes dans lesquels ils évoluent.

Le lecteur pourra retrouver d’autres informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts Nature en ville.

Les observations et photographies sur le drap éclairé par une lampe Lepiled (lampe à diodes électroluminescentes) ont eu lieu du samedi 23 juillet vers 22h au dimanche 24 vers 1h.

Les horaires de vol peuvent différer selon les espèces. Certaines sortant en début de nuit, d’autres beaucoup plus tard dans la nuit. Les nuits sans lune (qui émet de la lumière si elle n’est pas cachée par les nuages) sont plus profitables à l’attirance des Hétérocères. Des photos en studio avec la lumière du jour, en particulier des nouvelles espèces, donnent un rendu plus naturel.

Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères sont également attirés par ces radiations lumineuses : Coléoptères, Diptères, Hyménoptères, Hémiptères…

Nous avons observés plusieurs coccinelles asiatique (Harmonia axyridis) et quelques punaises de l’ordre des Hémiptères.

Ce mâle adulte de l’espèce Himacerus apterus est bien caractéristique. Les ailes sont peu développées d’où le nom de cette espèce. Les antennes sont particulièrement fines et allongées. Les trois paires de pattes offrent peu de différence. Cette espèce ne fait pas partie des punaises phytophages qui utilisent leur rostre pour aspirer la sève ou le suc des fruits. Cette espèce est insectivore. Son rostre perce le tégument de différents insectes pour en absorber le contenu. Elle appartient à la famille des Nabidae. Elle vit le plus souvent sur les arbres feuillus à la recherche de pucerons ou d’autres proies.

Himacerus apterus, Beaumonts le 23 juillet 2022, cliché André Lantz

Sur la vingtaine d’espèces d’Hétérocères qui ont été attirés durant cette nuit, nous présenterons essentiellement les espèces de Noctuelles, qui résident aux Beaumonts certainement depuis plusieurs années, mais que nous n’avions pas eu l’opportunité d’observer. Ce sont cependant des espèces communes en Île-de-France.

La plus grande est la Frangée Noctua fimbriata (Schreber, 1759). Son envergure peut atteindre 60mm! L’aile antérieure est assez élancée et d’une coloration gris-jaunâtre à brun. L’aile postérieure d’un beau jaune-orangé est agrémentée par une large bordure noire. Les franges des postérieures sont jaunes. Le dimorphisme sexuel porte sur la coloration des ailes antérieures. Elles sont toujours plus claires chez les femelles. La chenille n’est pas exigeante et consomme les feuilles de diverses plantes basses, d’arbustes et d’arbres. Elle se rencontre même dans les jardins. Le papillon vole couramment de juillet à septembre, voir octobre. Philippe Mothiron indique qu’elle est commune et répandue même en banlieue, sauf en urbanisation dense.

La Frangée, Noctua fimbriata, Beaumonts, 23 juillet 2022, cliché André Lantz

La seconde, de taille moyenne, est la Leucanie blafarde Mythimna pallens (Linnaeus, 1758). Son envergure ne dépasse pas 38mm. La coloration de l’aile antérieure va du blanchâtre au jaune paille ou jaune ochracé clair. Les nervures blanches sont bien apparentes sur l’aile antérieure. Enfin on distingue toujours le petit point noir discal. D’autres petits point noirs peuvent être aussi présents en particulier celui qui se trouve sur la nervure en prolongement du poit discal. Les ailes postérieures sont blanchâtres et un peu lustrées. La chenille vit sur les graminées. On rencontrera donc l’adulte plus souvent dans les biotope prairiaux. L’imago est bivoltin (2 générations par an) et on pourra l’observer de juin à octobre. Cette espèce commune serait friande des fleurs de Buddleia. La photo suivante a été prise en studio.

La Leucanie blafarde, La noctuelle pâle, Mythimna pallens, Beaumonts, 23 juillet 2022, cliché André Lantz

La plus petite dont l’envergure ne dépasse pas 27mm est la Bryophile du lichen ou Bryophile vert-mousse Cryphia algae (Fabricius 1775). Sa coloration et les dessins sur les ailes antérieures sont variables mais la couleur verte est dominante. L’espace médian est en général plus sombre. La chenille se nourrit des lichens du genre Parmelia. Elle occupe plutôt les lieux boisés mais s’observe aussi en ville de fin juillet à septembre en une seule génération. L’imago étant assez sombre, les deux photos de cette espèce ont été prises en studio, Les photos sont un peu plus claires pour mieux discerner les dessins des ailes antérieures.

La Bryophile vert-mousse, Cryphia algae, Beaumonts, 23 juillet 2022, cliché André Lantz
La Bryophile vert-mousse, Cryphia algae, Beaumonts, 23 juillet 2022, cliché André Lantz

Quelques tordeuses ont également été attirées par la lampe.

Une des plus caractéristique est la Tordeuse du foin Epiblema foenella (Linnaeus, 1758).

Le dessin est typique sur les ailes antérieures. Sur un fond brun foncé se détache un dessin blanc anguleux. un peu en forme de fer à cheval. Les chenilles de cette espèce se développent sur les racines et la tige inférieure de l’Armoise (Artemesia vulgaris). Arrivées à maturité elles hiverneront dans la plante. Les imagos volent de mai à août de la fin de l’après-midi jusqu’au soir. Ils viennent à la lumière. Cette espèce avait déjà été observée sur le site mais dans la journée.

Tordeuse du foin, Epiblema foenella, Beaumonts, 22 juillet 2022, cliché André Lantz

Une autre photo prise il y a quelques années en lumière naturelle de cette même espèce:

Tordeuse du foin, Epiblema foenella, Beaumonts, 12 juin 2015, cliché André Lantz

Pour terminer nous présenterons une Pyrale de la famille des Crambidae:

l’Ancylolome commun Ancylolomia tentaculella (Hübner, 1796). Son envergure est grande pour une pyrale car elle peut atteindre 35mm. Le dimorphisme alaire est bien marqué. Les lignes longitudinales de l’aile antérieure sont bien marquées chez le mâle et peu accentuées chez la femelle.

La chenille consomme la base des grandes graminées où elle constitue un fourreau de soie.

La photo suivante est celle du mâle de cette espèce.

Ancylolome commun Ancylolomia tentaculella, Beaumonts, 23 juillet 2022, cliché André Lantz

Patrice Leraut signale que cette espèce commune dans la moitié méridionale française est beaucoup plus rare au Nord de Paris. Le réchauffement climatique entraîne certainement sa progression constante vers le Nord. Elle se débusque facilement dans la journée dans les prairies et nous l’avions déjà observée de cette manière en 2020 et 2022.

Nous signalons qu’un prochain inventaire est programmé pour le samedi 6 août sous réserve de conditions météorologiques acceptables (sans pluie, orage ou vent important).

Pour terminer voici la liste des espèces des macro-hétérocères et des micro-hétérocères observés et déterminés lors de cette session.

Blastobasidae : Blastobasis phycidella

Yponomeutidae : Yponomeuta padella

Tortricidae : Ennarmonia pomonella

Eucosma conterminana

Agapeta hamana

Epiblema foenella

Pyrales : Synaphe punctalis

Endotricha flammealis

Eudonia mercurella

Ancylolomia tentaculella

Géometridae : Horisme radicaria

Idaea degeneraria

Epirrhoe alternata

Erebidae : Euplagia quadripunctaria

Noctuidae : Cryphia algae

Craniophora ligustri

Mythimna pallens

Noctua comes

Noctua fimbriata

Littérature consultée:

Phipippe Mothiron: Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997 supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.

Patrice Leraut: Papillons de nuit d’Europe volume 3 Zygènes, Pyrales 1 N.A.P. Editions 2012

Patrice Leraut: Papillons de nuit d’Europe volume 5 Noctuelles 1 N.A.P. Editions 2019

Patrice Leraut: Papillons de nuit d’Europe volume 6 Noctuelles 2 N.A.P. Editions 2019

André Lantz le 26 juillet 2022



Fête de la Nature 2022 by beaumonts

A l’occasion des fêtes de la Nature, nous avions projeté avec Fabienne de l’Association du jardin des couleurs à Montreuil une observation des papillons de nuit sur le parc des Beaumonts. Cette sortie a eu lieu la nuit du samedi 21 au dimanche 22 mai.

Les participants dont de nombreux enfants ont été intéressés par cette animation et ont pu admirer la diversité des papillons de nuit et quelques autres insectes. La température clémente et l’absence de vent ont été favorables et nous ont permis d’inventorier une vingtaine d’espèces de Lépidoptères dont la présence de 4 d’entre-eux n’avait pas encore été signalée du parc.

Le protocole de Science participative sur les papillons de jour SPIPOLL (Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs a été présenté par Fabienne. J’ai présenté sommairement l’intérêt de la connaissance des Hétérocères.

Le lecteur pourra retrouver ces aspects dans les deux anciens posts sur le site de BNEV

La très grande majorité des lépidoptères sont de mœurs nocturnes. En effet, même si les papillons de jours (Rhopalocères) sont bien connus, leur effectif ne représente pas plus de 5 % de l’ensemble des espèces (environ 5300 en France)

En plus de l’utilisation des pesticides et de l’urbanisation, les papillons volant la nuit sont affectés par la pollution lumineuse.

En effet cette pollution ou disparition de la nuit due en grande partie à l’éclairage urbain et des sites industriels est nocive pour les espèces animales nocturnes.

23 % de la surface mondiale terrestre est éclairée dont 88 % pour l’Europe. Le taux annuel de la raréfaction de la nuit était en 2016 d’environ 6 % à l’échelle mondiale.

30 % des vertébrés et 60 % des invertébrés sont affectés par l’éclairage urbain. Différentes études assez récentes ont prouvé que les papillons de nuit descendent moins dans la végétation pour se nourrir dans les zones éclairées. Ceci affecte aussi leur reproduction1.

Rappelons que les radiations ultraviolettes que notre système oculaire ne permet pas de détecter sont analysées par les yeux à facettes des Lépidoptères nocturnes. Ils se déplacent souvent la nuit dans une direction faisant un angle constant avec les rayons UV provenant de la lune, qui est sur un court laps de temps un point fixe à l’infini.

Ils sont donc leurrés par l’éclairage urbain (et les lampes utilisées pour les attirer) et viennent tournoyer ou se poser près des lampes.

Lors de ce samedi quelques insectes d’ordres différents se sont posés sur le drap.

Quelques Coléoptères diurnes se sont joints aux papillons de nuit. Nous avons noté plusieurs Coccinelles asiatiques et un représentant de la famille des Cantharides : Le Téléphore livide Cantharis livida.

Téléphore livide, Cantharis livida, Beaumonts 21 mai 2022, cliché André Lantz

La mare perchée n’étant pas éloignée de la lampe, quelques Diptères dont des Chironomes ont été attirés.

Chironome, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

Enfin quelques punaises aquatiques ont été également attirées. Ces petites espèces qui ne dépassent pas 5 à 7mm de longueur possèdent des pattes qui leur permettent de ramer à la surface de l’eau. L’espèce photographiée ressemble à Callicorexa praeusta. La photographie de la face ventrale aurait peut être permis de confirmer cette espèce.

Callicorexa praeusta à confirmer, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

Pour les papillons de nuit (Hétérocères) on peut artificiellement distinguer les espèces d’assez grandes tailles supérieure à environ 1,5 cm désignées communément par Macrohétérocères des espèces de taille plus petite : Microhétérocères ou usuellement microlépidoptères.

Une famille originale de papillons est celle des Hépiales (Hepialidae). Cette famille fait partie de l’infra-ordre des Exoporia. Leurs antennes sont courtes et ils ne possèdent pas de palpes maxillaires. La nervation des ailes antérieures et postérieures est assez semblable.

Les chenilles se nourrissent de racines de diverses plantes. La nymphose se fait donc dans le sol. La France compte 9 espèces d’Hépiales dont certaines ne se trouvent que dans des biotopes montagnards.

Ce sont des papillons de taille modeste allant d’une envergure de 6 à 7mm pour les plus petits à plusieurs cm pour les plus grands. Nous avons vu une petite dizaine de Louvettes (Korscheltellus lupulinus). Cette espèce discrète est rarement observée de jour mais est bien détectée à la lampe. La chenille consomme les racines de diverses plantes basses : Graminées, Plantain, Ortie, Carotte…

L’espèce est univoltine (une seule génération annuelle) et vole en mai et juin.

La Louvette, Korscheltellus lupulinus, Beaumonts 21 mai 2022, cliché André Lantz

Dans les microlépidoptères la famille des Tordeuses compte environ 600 espèces en France. Leur envergure s’étale de 5 à 7mm pour les plus petits à 2,5 à 3 cm pour les plus grands.

Les ailes antérieures recouvrent les ailes postérieures au repos. Elles se replient en toit sur le corps. Les ailes antérieures sont assez larges et en général de couleurs plus ou moins vives et possédant divers motifs qui peuvent permettre une identification aisée pour certains le leurs représentants. Les ailes postérieures sont en général uniformes. Les chenilles enroulent ou tordent les feuilles afin de pouvoir les consommer tout en restant cachées. Cette particularité est à l’origine du nom de la famille.

52 espèces de tordeuses ont déjà été répertoriées au Parc des Beaumonts. Lors de cette sortie nocturne trois nouvelles espèces ont pu être observées. En dehors des tordeuses très courantes et celles qui occasionnent des dégâts comme le Carpocapse des pommes qui vit à l’intérieur du fruit et qui le rend invendable, la majorité des espèces n’ont pas de nom vernaculaire mais ne possèdent que la désignation latine binominale.

La plus grande est Choristoneura hebenstreitella. Son envergure est d’environ 2,3 cm. Elle ne semble pas avoir été détectée récemment en Seine-Saint-Denis. La chenille polyphage se nourrit aux dépens de nombreux arbres : Saules, Pommiers, Poiriers, Noisetiers, Chênes, Bouleaux, Pruniers, Sureaux et aussi des Ronces. L’époque de vol de l’adulte en France s’étalerait de mai à juin.

Choristoneura hebenstreitella, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

La seconde espèce de taille un peu plus petite est Ptycholoma lecheana. L’imago attiré par la lampe est déjà un peu défraîchi et ne possède pas les couleurs des imagos fraîchement éclos. Il est quand même reconnaissable au pli formé sur l’apex de l’aile antérieure. J’ai déjà trouvé cette espèce en Seine-Saint-Denis et dans le bois de Vincennes (Paris). Sa chenille est également polyphage sur les essences d’arbres et d’arbustes.

Ptycholoma lecheana, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché studio: André Lantz
Ptycholoma lecheana, Bois de Vincennes, 23 avril 2020; cliché André Lantz

Enfin la troisième est nettement plus petite et joliment colorée. Selon l’orientation de la lumière sur l’aile antérieure on peut admirer des bandes argentées. Le point noir sur chaque aile est formé d’une touffe d’écailles noires qui se dresse perpendiculairement au plan de l’aile. Il s’agit d’Acleris bergmanniana. Ce spécimen s’est posé sur le pantalon de Sylvain. Elle vole en fin d’après-midi de juin à juillet mais est également attirée par la lumière.

Acleris bergmanniana, Beaumonts, 21 mai 2022; cliché: André Lantz

les Pyrales sont représentées par environ 500 espèces en France.

Leur taille est plus variable que celles des tordeuses car si certaines ne dépassent pas 1 à 1,5 cm d’envergure, d’autres dépassent la taille des Piérides ! La Pyrale de l’Ortie est une pyrale de grande taille des plus communes. Les Pyrales se caractérisent également par la présence d’écailles à la base de la trompe. Le parc des Beaumonts accueille 45 espèces. Certaines espèces sont diurnes comme la Pyrale de la menthe et celle du plantain. D’autres sont attirées par la lumière. Les ailes sont de forme assez allongée. Les ailes antérieures recouvrent les ailes postérieures au repos.

Deux Pyrales ont observées lors de cette session. La première, l’Eudorée pâle 2 Eudonia pallida, possède une envergure de 16 à 18mm. Cette espèce est assez terne et possède moins de dessins que les autres représentants de la sous-famille des Scopariinae. Les chenilles de cette sous-famille se nourrissent de mousses ou le lichens. L’Eudorée pâle se nourrit de mousses terrestres où elle tisse un abri de soie. Elle avait déjà été découverte de jour sur la friche centrale du parc où se trouvent maintenant les vaches et les chèvres.

L’Eudorée pâle, Eudonia pallida, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

La seconde, beaucoup plus commune et riche de motifs bien contrastés, est L’Eudorée commune3 Eudonia mercurella. Sa chenille forme également une galerie de soie sur les mousses. L’imago est observé de mai à septembre. Il a été observé de nombreuses fois sur le parc posé sur des troncs.

L’Eudorée commune, Eudonia mercurella, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

Les Yponomeutes sont regroupés dans un ensemble de plusieurs familles. Si le genre Yponomeuta est représenté par des imagos blancs à petits points noirs, d’autres Yponomeutes ont une livrée bien différente. En particulier dans la famille des Plutellidae cet Eidophasia messingiella est très caractéristique. Les ailes sont brun-noir entrecoupées d’une ligne blanche. Les antennes sont noires sur environ les 2/3 et la partie terminale est blanche. Les écailles noires très épaisses sur les antennes sont celles d’une femelle. Le mâle présente aussi des écailles noires mais moins grandes. Un imago avait déjà été découvert par hasard de jour en passant un coup de filet dans la végétation basse où pousse une de ses plantes favorites ; le Cardaire drave ou le Passerage drave : Cardaria drava ou Lepidium drava. Cette espèce est univoltine et l’adulte vole de juin à juillet.

Eidophasia messingiella, Beaumonts 21 mai 2022, cliché studio: André Lantz

Les Macrohétérocères sont essentiellement représentés par deux grandes familles : Les Géomètres et les Noctuelles.

Les Géomètres (environ 600 espèces en France) tirent leur nom de la manière dont se déplacent les chenilles. Ne possédant pas de fausses pattes, elles doivent s’arc-bouter pour se déplacer telle la chaîne de l’arpenteur ou du géomètre. Le corps est assez grêle. Les ailes sont posées à plat sur le support et les postérieures sont visibles. Les dessins et stries sont en continuité et souvent cryptiques lorsqu’elles sont posées sur les écorces d’arbres ou dans la végétation.

Il a été recensé aux Beaumonts, mais surtout en journée, une petite cinquantaine d’espèces.

Nous avons vu lors de cette nuit :

l’Alternée : Epirrhoe alternata

La Géomètre à barreaux : Chiasmia clathrata

L’Acidalie dégénérée : Idaea degeneraria

l’Acidalie dégénérée, Idaea degeneraria, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

La Boarmie rhomboïdale : Peribatodes rhomboidaria

On notera les antennes bipectinées de ce mâle qui se réduisent avant d’atteindre l’extrémité. Les antennes permettent en particulier à l’adulte de détecter une faible quantité de molécules émises par la femelle et de pouvoir ainsi s’en approcher la nuit.

La Boarmie rhomboidale, Peribatodes rhomboidaria, cliché André Lantz

L’Horisme jumeau: Horisme radicaria

Cette espèce est très voisine de l’Horisme élégant: Horisme tersata . les chenilles de ces deux papillons s’alimentent de la Clématite. L’Horisme jumeau présente en général une coloration plus ocre que celle de l’Horisme élégant qui est plus grise. Les stries sont moins visibles chez l’Horisme jumeau que chez l’Horisme élégant. L’examen des pièces génitales a montré que ces deux espèces cohabitent au parc des Beaumonts. Selon Patrice Leraut, sur une même station où se trouvent les deux espèces, H. radicaria préfèrerait les biotopes ensoleillés et assez secs.

Horime jumeau, Horisme radicaria, Beaumonts, 21 mai 2022; cliché André Lantz

Le Céladon : Campaea margaritata

Cette belle espèce est arrivée le dimanche matin vers 0h20. Elle n’est pas venue sur le drap mais s’est posée sur l’herbe où elle a été photographiée. La chenille de cette espèce se nourrit de feuilles d’essences arbustives diverses : Saule, Charme, Aulnes, Hêtre, Chênes, Fruitiers, Érables… La chenille hiverne et les adultes émergent en mai-juin. Une seconde génération dont les adultes sont de plus petite taille a lieu en août-septembre.

Le Céladon, Campaea margaritata, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

Les Noctuelles forment la famille la plus importante en nombre d’espèces (plus de 900 en France). Les ailes antérieures recouvrent les postérieures au repos. Le corps est trapu et le vol rapide et vigoureux. Nous n’avons recensé qu’une cinquantaine d’espèces aux Beaumonts.

Lors de cette nuit nous avons vu :

Le Gamma ou Lambda : Autographa gamma,

Le Hibou : Noctua pronuba

La méticuleuse Phlogophora meticulosa. Nous avons pu observer le repliement des ailes antérieures.

La Troënière Craniophora ligustri que nous avions déjà observée lors de notre première séance nocturne. Plusieurs exemplaires de cette espèce se sont posés sur le drap ainsi que deux exemplaires entièrement noir (forme nigra).

La Troënière, Craniophora ligustri, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz
Forme noire de la Troënière: Craniophora ligustri f. nigra, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz

L’écaille tigrée (Spilosoma lubricipeda) a séduit les participants et participantes par sa jolie livrée.

Deux imagos de cette belle espèce se sont posés sur le drap.

Ecaille tigrée, Spilosoma lubricipeda, Beaumonts, 21 mai 2022; cliché André Lantz

Enfin une espèce du genre Oligia, sans doute Oligia strigilis, la Procude du Dactyle a été observée et collectée. Plusieurs imagos de ce papillon se sont posés sur le drap. Elle fait partie d’un complexe de trois espèces qui peuvent être confondues : Oligia strigilis (Procude du Dactyle), Oligia versicolor (Procude versicolore) , Oligia latruncula (Procude trompeuse). L’analyse des pièces génitales est souvent nécessaire pour lever l’indétermination. Les chenilles de ces trois espèces vivent sur les graminées de la famille des Poacées. Elles volent de mai à août.

Procude du Dactyle, Oligia stigilis, Beaumonts, 21 mai 2022, cliché André Lantz
La Procude du Dactyle, Oligia strigilis, Beaumonts 21 mai 2022, cliché studio, André Lantz

Cette espèce n’avait pas encore été observée dans le parc.

1Manuel d’écologie urbaine Audrey Muratet-François Chiron, Photographies Myr Muratet ; Les presses du réel Collection Al Dante 2019

2 : Nom forgé par Patrice Leraut dans son ouvrage : Papillons de nuit d’Europe, volume 3 : Zygènes , Pyrales 1

Editions NAP 2012

3Nom forgé par Patrice Leraut dans son ouvrage : Papillons de nuit d’Europe, volume 3 : Zygènes , Pyrales 1

Editions NAP 2012

André Lantz et Fabienne Dueymes, membres de l’OPIE (Office Pour les Insectes et leur Environnement)

le 28 mai 2022.



Inventaire nocturne des hétérocères du parc des Beaumonts by beaumonts

Compte-Rendu de l’inventaire des Hétérocères du Vendredi 24 septembre 2021

L’ancienne classification des Lépidoptères (ou papillons, sans doute pratique, ne correspond pas à l’évolution de cet ordre d’insectes. On y distingue les Rhopalocères, (littéralement antenne en forme de massue), des Hétérocères, (littéralement antennes de formes diverses).

Seul le groupe des Rhopalocères forme un groupe homogène. Ce sont les papillons de jour que l’on observe habituellement (Piérides, Vanesses, Lycènes…). On compte seulement un peu plus de 250 espèces de Rhopalocères sur plus de 5000 Hétérocères en France.

Les espèces primitives comme les Micropterigidae ne présentent pas de trompe pour récolter le nectar des plantes à fleurs, mais des mandibules munies de pièces broyeuses pour se nourrir des grains de pollen. A l’inverse, des espèces plus évoluées comme les sphinx sont dotées d’une trompe pouvant atteindre lorsqu’elle est déroulée une dimension de plusieurs centimètres, voir plus d’une dizaine de cm !

De plus si tous les papillons de jour sont immobiles la nuit, les Hétérocères comptent des familles diurnes comme les Zygènes et les Sésies et des exemplaires diurnes dans les familles majoritairement nocturnes.

Par exemple, au parc des Beaumonts on peut observer volant et butinant de jour la doublure jaune (Euclidia glyphica) qui fait partie de la famille des noctuelles.

Il existe deux grandes familles chez les Hétérocères : Les Noctuelles (Noctuidae) possèdent un corps en général massif. Au repos les ailes antérieures recouvrent les ailes postérieures. Leur vol est rapide. Les Géomètres ou Phalènes (Geometridae) ont un corps gracile allongé et des ailes plus amples. Au repos les ailes sont souvent dans un même plan, les ailes postérieures sont bien visibles et il y a en général continuité des dessins entre les ailes antérieures et postérieures.

La famille des Pyrales (Pyralidae) avait été rangée dans les microlépidoptères. La taille n’est pas le critère de séparation des familles. Les pyrales possèdent des écailles à la base de la trompe ce qui n’est pas le cas pour les Noctuelles et les Géomètres. De plus certaines pyrales sont beaucoup plus grandes que des représentants des géomètres et des noctuelles.

Les conditions climatiques du 24 septembre étaient favorables avec une température douce pour la saison et l’absence de vent. Pourtant très peu de papillons ont été attirés par les radiations lumineuses dont une partie importante se situe dans le domaine des ultra-violet. En effet, contrairement à notre perception réduite au domaine visible, les yeux à facettes des lépidoptères possèdent des capteurs sensibles aux radiations ultraviolettes . Ces longueurs d’onde inférieure à 0,4 µm leur permettent de se diriger dans l’espace.

Nous n ‘avons compté que 4 espèces de Noctuelle et une seule espèce de Géomètre. Plus curieux aucun « microlépidoptère » a été attiré !

En dehors des Lépidoptères quelques Tipules (ou cousins) se sont posés sur le drap blanc éclairé par la lampe à diodes. L’exemplaire ci-dessous est un mâle. Il présente un abdomen avec son extrémité élargie.

La tipule des Prairies Tipula paludosa Cliché André Lantz le 24 septembre 2021

Ces Tipules qui ressemblent à de très gros moustiques font souvent peur en imaginant la piqûre correspondante à leur taille ! Mais ces grands Diptères sont totalement inoffensifs. Les laves vivent dans le sol et dans les racines de plantes.

Nous n’avons observé qu’une seule espèce sur les 6 ou 7 imagos de Tipule qui ont été attirés.

Il s’agit de Tipula paludosa, la Tipule des prairies, qui sort en automne et qui est une espèce très commune. On peut aussi l’observer en journée sur la végétation. Elle s’envole quand on la dérange.

Certains imagos ont perdu quelques unes de leur 6 pattes car elles sont particulièrement fragiles.

A) Noctuelles

1) La première noctuelle qui est arrivée sur le drap est La Xanthie dorée, Tiliacea aurago ou Xanthia aurago.

La Xanthie dorée, Tiliacea aurago, cliché André Lantz le 24 septembre 2021

Cette espèce bien colorée et contrastée se rencontre dans tous les milieux et arrive même en zone urbanisée. Sa chenille consomme diverses plantes ligneuses dont les hêtres, saules, les érables…

Cette espèce ne donne qu’une seule génération annuelle (on dit qu’elle est univoltine). L’imago vole entre août et octobre. C’est la première fois qu’elle est observée dans le parc des Beaumonts et elle ne semble pas, selon le site Lepi’Net de Philippe Mothiron et Claire Hoddé, avoir été revue du département de la Seine-Saint-Denis depuis l’année 1997

2) Luperina dumerilii, la Noctuelle de Duméril est aussi une petite espèce assez bigarrée et facilement identifiable. Elle est présente sur toute la France mais plus abondante dans le Sud-Est. C’est une espèce thermophile de prairie qui est classée comme vulnérable en Île-de-France. Sa chenille consomme les racines de graminées. Cette espèce, également univoltine, vole en août et septembre.

C’est aussi la première observation au parc des Beaumonts.

La Noctuelle de Duméril Luperina dumerilii, cliché André Lantz, 24 septembre 2021

3) La Hulotte, Noctua comes est une noctuelle de plus grande taille que les précédentes. Les ailes antérieures sont brunes et les postérieures sont jaune, bordées par une bande noire. Un dessin noir en forme de virgule inversée s’insère sur l’aire jaune vers la côte. C’est une espèce commune. Elle se distingue du Hibou Noctua pronuba par une taille plus importante d’une part et par ce dessin noir sur l’aile postérieure. La Hulotte se trouve dans de très nombreux biotopes et aussi dans les jardins, les parcs et même en ville. Sa chenille se développe sur diverses plantes basses et n’est donc pas exigeante. Cette espèce vole de mai à novembre en une seule génération : en effet elle effectue une diapause estivale (L’adulte reste immobile tout une partie de l’été). Cette espèce pourtant courante n’avait pas encore été signalée dans le parc des Breaumonts. L’imago qui s’est posé sur le drap était passablement frotté et les critères de séparation des espèces n’étaient pas visibles. L’examen des ailes ailes postérieures a été nécessaire. Vu la piètre qualité de l’insecte, je n’ai pas estimé utile de présenter une photo.

4) Le Casque, Noctua janthina. Cette espèce était confondue avec une espèce très voisine , le Collier soufré Noctua janthe jusqu’en 1991. Ces deux espèce aux caractères morphologiques presque identiques vivent dans les mêmes milieux aux mêmes époques. Il est donc impossible de pouvoir les distinguer lorsqu’elles sont posées dans la nature ou sur un drap blanc ! La distinction se fait sur la bordure noire de l’aile postérieure qui envahit davantage l’aile chez N. janthina que chez N. janthe.

Les chenilles de ces deux espèces s’alimentent sur des plantes basses et arbustes.

L’imago a déjà été frotté car il a perdu une bonne partie des poils qui revêtaient son thorax.

Le Casque, Noctua janthina, cliché André Lantz le 24 septembre 2021,

L’imago suivant observé de jour dans le parc est beaucoup plus frais.

Le casque, Noctua janthina, Beaumonts, cliché André Lantz le 13 août 2020

B) Géomètre.

5 imagos mâles sont arrivés entre 23h et 23h 30 de la Boarmie rhomboïdale Peribatodes rhomboidaria.

Les premiers imagos passablement défraîchis pouvaient poser quelques difficultés pour leur identification. Les suivants, mieux conservés, ont permis de lever le doute.

Cette espèce a déjà été observée plusieurs fois de jour posée sur les murs à côté du parc. Nous l’avions également notée lors de l’inventaire nocturne de 2019.

Sa chenille vit sur diverses plantes basses et arbustives. Cette espèce est plurivoltine. Les générations se succèdent de mai à septembre. La chenille hiverne.

Les antennes du mâle sont bipectinées, comme pour d’autres espèces de Géomètres. Celles de la femelle sont filiforme. Les antennes bipectinées possèdent beaucoup de capteurs biochimiques qui permettent au mâle de rechercher et trouver une femelle qui émet des phéromones. Les accouplements ont lieu la nuit et le repérage des femelles ne peut se faire que par un déplacement du mâle dans le gradient de concentration des phéromones.

La Boarmie rhomboïdale, Peribatodes rhomboidaria, cliché André Lantz le 24 septembre 2021

En dehors des lignes et diverses stries sur les deux ailes permettant l’identification de cette espèce, un autre critère concernant les mâles porte sur la pectination des antennes. Elle n’est pas complète, elle s’estompe et disparaît avant d’atteindre l’extrémité de l’antenne.

Comme d’autres Boarmies, La Boarmie rhomboïdale peut présenter une coloration presque entièrement noire. Il s’agit de la forme rebeli. Cette forme a été observée au parc des Beaumonts.  La photo présente un imago femelle. Les antennes sont filiformes.

femelle de Peribatodes rhomboidaria rebeli, Boarmie rhomboïdale, Beaumonts, cliché André Lantz le 13septembre 2015

Si la meilleure saison de l’observation des nocturnes s’étale du printemps à l’été, il est utile d’opérer des inventaires lors des autres saisons. En effet, certains hétérocères, certes peu nombreux, volent durant l’automne et l’hiver. Cette session, malgré le très faible nombre d’imagos observés, a

révélé 3 espèces qui n’avaient pas encore été inventoriées sur le parc.

André Lantz le 27 septembre 2021



Myxomycète, lichens et Chiroptère by beaumonts

Champignon, lichens et Myxomycète du parc cet hiver 2021 et observation exceptionnelle en plein jour d’un Chiroptère.

L’hiver n’est pas la meilleure saison pour voir les champignons. En effet les espèces mycorrhiziennes en association avec les arbres ne fructifient plus car la sève élaborée devient inexistante lorsque la photosynthèse s’arrête. La majorité des espèces saprophytes fructifient en automne lorsque la température est encore douce. On peut cependant encore observer quelques parasites des arbres, mais en général ils poussent plus communément le reste de l’année.

Cependant, certaines espèces ne se voient qu’en hiver.

C’est le cas de la Pézize écarlate (Sarcoscypha coccinea). Cette belle espèce se contente de débris ligneux et de branches mortes de différentes essences. On la trouve assez souvent sous les Frênes.

Pézize écarlate Sarcosxcypha coccinea, Beaumons, 4 février 2021, cliché André Lantz

C’est la première fois qu’elle fructifie au parc des Beaumonts. Il est vrai que j’avais apporté quelques vieux exemplaires de cette espèce il y a quelques années ayant l’espoir de les voir fructifier un jour au Parc.

Il existe plusieurs espèces voisines dont la différentiation ne peut se faire que par microscopie. Cependant, les échantillons provenant de la région parisienne, étudiés microscopiquement ont toujours conduit à cette seule espèce.

Asques et spores de la Pézize écarlate, X 1000, Moulin du Sempin, Montfermeil, 9 mars 2015, cliché André Lantz

Ce champignon à la forme d’une coupe d’un rouge éclatant à l’intérieur. La surface externe est plus blanchâtre et présente une pubescence. Le pied est court ne dépassant pas 1cm. Sur le cliché ci-dessus on peut voir les spores pas encore mûres contenue dans un asque. les Hyphes et les paraphyses contiennent un pigment granuleux rouge qui donne la couleur au champignon. Les spores subcylindriques mesurent de 27 à 36 µm de long pour 1.0 à 12 µm de large.

Le myxomycète, Reticularia lycoperdon, a déjà été observé au parc il y a quelques années. Nous l’avions alors trouvé sur un des marronniers situé à l’entrée de la rue des 4 ruelles.

Reticularia lycoperdon état jeune, 4 mars 2021, Beaumonts, cliché André Lantz

En mars 2021 il avait choisi un vieux Robinier au tronc cassé en deux. Le nom lycoperdon lui a été donné à cause de l’émission des nombreuses spores qui s’échappent de son enveloppe à maturité, semblable aux Vesses de loup.

Dans la photo ci-dessus le Myxomycète n’est pas encore mûr. On voit la couleur beige clair de la chair par la blessure centrale et les blessures sur le dessus. Dans la photo ci-dessous la teinte est déjà beaucoup plus foncé. Les spores sont en train de se former. Par contre la taille du spécimen n’a pas changé.

Reticularia lycoperdon, Beaumonts, 8 mars 2021, cliché André Lantz

Enfin dans cette dernière image, l’enveloppe protectrice du spécimen s’est déchirée et les spores ont commencé leur dispersion.

Reticularia lycoperon sporulant, Beaumonts, 23 mars 2021; cliché André Lantz

Les spores des myxomycètes sont très souvent sphériques et échinulées (munies de nombreuses épines)

Spores de Reticularia lycoperdon, Beaumonts, 2013, cliché André Lantz

Les lichens résultent de l’association d’un champignon, le plus souvent un ascomycète, et d’une algue ou cyanobactérie. L’organe végétatif des lichens est désigné par thalle.

Il existe plusieurs formes de thalle.

Les lichens à thalle foliacé présente un appareil végétatif plus ou moins lobé et se détachant assez facilement du substrat. Dans un article précédent j’avais illustré le plus commun des lichens foliacés que l’on pouvait trouver dans le parc sur les troncs ou branches d’arbres ou d’arbustes: Xanthoria parietina.

Il est possible d’admirer un autre lichen à thalle foliacé : Flavoparmelia caperata. Son thalle est de couleur vert-jaunâtre. Sa face supérieure est froncée vers le centre, tandis que les lobes peu adhérents sont relevés sur les bords. La face inférieure est noire et présente une fine marge brun clair sur une largeur d’environ 2mm. Cette espèce est utilisée en biosurveillance de la qualité de l’air pour ses propriétés accumulatrices d’éléments métalliques (Guide des Lichens de France , lichens des arbres Edition Belin). On le rencontre dans le parc sur des branches cassées et tombées au sol. Il se situe souvent en hauteur.

Flavoparmelia caperata sur une branche tombée, Beaumonts, 4 mars 2021, cliché André Lantz

La grande majorité (environ 90%) des espèces de lichens ont un thalle crustacé. Le lichen est alors profondément incrusté dans le substrat. Il n’est pas possible de le prélever sans retirer une partie de son hôte. Il est souvent préférable de retirer le lichen sur un arbre tombé ou tronçonné si l’on ne veut pas blesser l’arbre.

Au parc des Beaumonts, deux espèces de lichens crustacés sont communes et vivent souvent ensemble sur le même support. Sur la photo suivante on peut voir à droite Lecidella elaeochroma et à gauche Lecanora chlarotera sur un fond plus brillant.

2 lichens: Lecidella elaeochroma (à droite) et Lecanora chlarotera (à gauche) sur Acer pseudoplatanus, Beaumonts, 8 mars 2021, cliché André Lantz

Lecidella elaeochroma présente un thalle lisse à légèrement granuleux de couleur gris blanchâtre.

Les ascomycètes fructifient et forment des apothécies assez rondes. Le disque de couleur allant du brun au noir mesure jusqu’à 1mm de diamètre. Les spores incolores sont simples. Avant leur maturité elles grandissent par nombre de 8 dans les asques.

Ascospores de Lecidella elaeochroma, Bois de Vincennes, 13 mars 2021, cliché André Lantz

Lecanora chlarotera a aussi un thalle gris clair. Les apothécies sont nombreuses, sessiles et serrées .Leur disque est brun. Les asques sont également octosporés. Cette espèce est nitrotolérante.

Lecanora chlarotera, sur Acer pseudoplatanus, Beaumonts, 8 mars 2021, cliché André Lantz

Ces deux espèces de lichens crustacés se développent sur les troncs lisses des arbres. On les rencontre essentiellement sur les jeunes érables du parc des Beaumonts.

Notre collègue ornithologue David Thorns, a eu la bonne fortune d’observer et de photographier un chiroptère sur le parc en matinée.

Vespertilion à moustaches, Myotis mystacinus, Beaumonts, 23 mars 2021, cliché David Thorns

Rappelons que l’ensemble des espèces de chiroptères sont protégées en Île-de-France (IDF)!

La région IDF accueille 20 espèces de chauves-souris sur les 34 espèces recensées en France métropolitaine.

Le Vespertilion à moustaches ou Murin à moustaches (Myotis mystacinus) est classé « préoccupation mineure » sur la liste rouge nationale des Chiroptères. Cette espèce reste cependant peu commune en IDF.

Vespertilion à moustaches, Myotis mystacinus, Beaumonts, 23 mars 2021, cliché David Thorns

Sa taille est assez petite allant de 3,5 à 5 cm., son envergure est de 19 à 22 cm. Son poids n’excède pas 8g.

Comme toutes les espèces de chauves-souris il se nourrit d’insectes. Il chasse habituellement sur les biotopes suivants : plans d’eaux calmes, zones humides arborées, lisières, éclairages urbains.

Vespertilion à moustaches, Myotis mystacinus, Beaumonts, 23 mars 2021, cliché David Thorns

André Lantz le 6 Avril 2021.



Quelques observations estivales en 2020. by beaumonts

Quelques observations entomologiques estivales en 2020.

Chaque été, il est fort agréable de retrouver le cortège d’insectes liés aux milieux prairiaux dans le parc des Beaumonts.

Les chenilles de la famille des Satyridae ont la particularité de se nourrir de graminées. Plusieurs espèces sont présentes dans le parc : Le Némusien, le Tircis, le Fadet commun l’Amaryllis, le Myrtil et le Demi-deuil.

Certaines de ces espèces admettent plusieurs générations comme le Tircis, le Fadet commun et le Némusien. Par contre les autres espèce précitées sont univoltines (Il n’y a qu’une seule génération annuelle).

Le Demi-Deuil Melanargia galathea, est un papillon noir et blanc au vol assez lent. Ses ailes sont souvent déployées quand il se pose dans la végétation. La femelle est de taille souvent supérieure à celle du mâle et se caractérise par un revers ocre et blanc au lieu de noir et blanc pour le mâle. On peut admirer ce papillon, posé sur les centaurées en juillet. La femelle a été photographiée parmi les Gaillets. Cette espèce reste bien présente dans les parcs de la Seine-Saint-Denis : parc Jean Moulin les Guilands, parc Georges Valbon, parc du Sausset…

Melanargia galathea , Demi-Deuil ♀, sur Gaillet, 15 juin 2020, parc des Beaumonts, cliché André Lantz

Sur l’ensemble des Satyridae du parc, on a cependant constaté un déclin du Fadet commun (diminution du nombre d’adultes observés) et surtout de l’Amaryllis qui ne semble plus avoir été revu au parc des Beaumonts depuis 2015.

Parmi les Lycènes, le grand Azuré porte-queue Lampides boeticus, est une espèce migratrice qui remonte vers le nord chaque année. Au parc on ne peut l’observer qu’à partir du mois d’août. Il se pose volontiers sur les fleurs de la Gesse à larges feuilles. La femelle pond sur les cosses de Légumineuses (Fabacées) qui sont consommées par les chenilles.

Le grand Porte-Queue, Lampides boeticus, Parc des Beaumonts, 13 août 2020, cliché André Lantz

Parmi les microlépidoptères, les chenilles de la famille des Coléophores ont la propriété de confectionner un étui protecteur. Elles se déplacent dans leur étui sur les feuilles dont elles se nourrissent.

Les adultes, de petite taille, dont l’envergure alaire ne dépasse pas 15 mm sont rarement actifs de jour et donc très peu visibles. La nuit, certains sont cependant attirés par la lumière. Leurs ailes allongées se caractérisent par un bord interne poilu. Les imagos d’espèces différentes sont souvent très difficiles à distinguer les uns des autres. La préparation microscopique des armures génitales est souvent le seul moyen de pouvoir déterminer les espèce avec certitude. Cependant la détermination peut être facilitée par la forme de l’étui de protection de la chenille et par la connaissance de sa plante hôte.

étui du Coléophore Coleophora badiipennella au revers d’une feuille d’Orme, Parc des Beaumonts, 2 mai 2020, cliché André Lantz

Cette petite espèce (Coleophora badiipennella), inféodée aux ormes a été élevée afin d’obtenir l’imago. Malgré son étui de protection, des micro-hyménoptères parasitent souvent les chenilles et plusieurs d’entre elles ne sont pas arrivées à terme.

imago du coléophore Coleophora badiipennella, 26 juin 2020, cliché André Lantz

Parmi les Hémiptères, la famille des Issidae contient plusieurs genres.

L’adulte de l’espèce Issus coleoptratus ne dépasse guère 7 mm. Cette espèce univoltine se nourrit en piquant les tissus conducteurs des végétaux.

Issus coleoptratus, Parc des Beaumonts , 13 août 2020, cliché André Lantz

Parmi l’ordre des Diptères, certaines mouches copient la livrée des Hyménoptères ; elles appartiennent à la famille des Conopidae. Leur corps très allongé et même parfois un peu rétréci au début de l’abdomen, imite les guêpes. Les ailes sont souvent assez allongées, et présentent des zones sombres.

Le genre Physocephala admet 11 espèces en Europe. Les adultes sont pollinisateurs secondaires et se nourrissent du nectar de diverses fleurs. Les femelles pondent leurs œufs dans le corps d’autres larves d’insectes, en particulier celles des bourdons, abeilles… Elle sont donc endoparasites d’Hyménoptères. Les antennes caractéristiques de ce genre pointent vers l’avant. Physocephala rufipes est une espèce commune que j’avais déjà observée dans le bois de Vincennes.

Physocephala rufipes, parc des Beaumonts, 17 juillet 2020, cliché André Lantz
Physocephala rufipes, parc des Beaumonts, 17 juillet 2020, cliché André Lantz

La Malachie élégante Clanoptilus elegans est un joli petit coléoptère de la famille des Melyridae.

Malachie élégante, Clanoptilus elegans, Parc des Beaumonts, 6 juin 2020, cliché André Lantz

Ces coléoptères se caractérisent par une cuticule molle. Le nom de Genre fait référence à la couleur verte des élytre: la Malachie, oxyde de cuivre qui est de couleur verte. De plus on observe chez ces insectes une pilosité importante des élytres. Cette espèce qui n’avait pas encore été observée dans le parc possède un abdomen jaune. Les extrémités des élytres sont également jaune, ainsi que les palpes labiaux. Cette espèce se déplace souvent sur les fleurs à la recherche de pollen dont elle se nourrit. Les larves sont cependant entomophages et non phytophages comme celles d’autres coléoptères. j’avais déjà pu observer cette espèce en2017, mais il y a eu davantage d’imagos cette année 2020.

Malachie élégante, Clanoptilus elegans, Parc des Beaumonts, 6 juin 2020, cliché André Lantz

Une autre Malachie plus commune avait déjà été notée : la Malachie à deux points: Clanoptilus bipustulatus. Cette dernière espèce présente des élytres munies de tache rouge à leur extrémité.

Malachie à deux points, Clanoptilus bipustulatus, Parc des Beaumonts, 5 mai 2017, cliché André Lantz
Malachie à deux points, Clanoptilus bipustulatus, Parc des Beaumonts, 5 mai 2017, cliché André Lantz

Enfin un Hyménoptère pas trop difficile à déterminer le Sphécode à labre blanc Sphecodes albilabris, est une abeille solitaire dont la larve vit aux dépens d’une autre abeille, la Collète des sablières Colletes cunicularius. C’est la raison pour laquelle on la désigne par abeille coucou. La femelle rentre dans les terriers de la Collète pour y consommer les œufs et pondre les siens qui se nourriront des réserves de nourriture prévues pour l’alimentation de la larve de Collète jusqu’à l’âge adulte. L’imago vole de mars à septembre et vient souvent butiner diverses fleurs dont les centaurées. La tête et le thorax sont noir, assez fortement ponctués. L’abdomen est rouge mais son extrémité est noire. Il y a une forte pilosité blanche sous le front.

Sphécode à labre blanc, Sphecodes albilabris, Parc des Beaumonts, 17 juillet 2020, cliché André Lantz
Sphécode à labre blanc, Sphecodes albilabris, Parc des Beaumonts, 17 juillet 2020, cliché André Lantz

La Collète des sablières n’a pas été observée aux Beaumonts. Elle a besoin d’une terre meuble afin d’y creuser facilement des terriers comme le fait un lapin, d’où son nom d’espèce qui est tiré du nom latin du lapin : Oryctolagus cuniculus. Ces abeilles qui vivent en bourgades peuvent être plus d’une centaine sur la même zone. Elles sont un peu plus grandes que les abeilles domestiques et émergent en général au début du mois d’avril, ce qui les différencie assez facilement des autres espèces du même genre.

Collète des sablières, Colletes cunicularius, Vincennes, 11 avril 2020, cliché André Lantz

André Lantz, le 11 novembre 2020