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Bilan 2015 du suivi des amphibiens du parc des Beaumonts by beaumonts

Bilan 2015 du suivi des amphibiens du Parc des Beaumonts de Montreuil (93)

Liste des observateurs :

Angélique Allombert, Anne-Isabelle Barthelemy, Stéphanie Bréhard, Matthias Colin, Pierre Delbove, Loïc Jugue, Caroline Lahmek, André Lantz, Alexis Martin, Julien Norwood, Philippe Pirard, Nicolas Primault, Yves Primault, Thomas Puaud, Quentin Rome, Liam Schaffer, Wim Schaffer, David Schaffer, Pierre-Luc Vacher, Sylvie Van Den Brink

Pour participer au suivi des amphibiens du parc, vous pouvez contacter l’association Beaumonts Nature en Ville. Les amphibiens sont des espèces fragiles. Elles sont protégées. Pour tout travail scientifique de suivi nécessitant de les capturer, il est nécessaire d’obtenir une autorisation préfectorale. Hors de ce cadre, il est strictement interdit de les capturer. Nos sorties groupées permettent en outre de les observer en limitant le piétinement des berges et le dérangement des animaux.

Le suivi 2015 des amphibiens du Parc des Beaumonts a reposé cette année sur sept sorties nocturnes, soit deux de plus qu’en 2014. Elles se sont déroulées pour l’essentiel de février à avril. Une sortie au mois d’août dédiée initialement aux verts luisants nous a en outre permis d’observer et de compter un grand nombre d’amphibiens, dont les chiffres sont inclus aux résultats du suivi. Les sorties ont permis de rassembler 20 observateurs de tous les âges, tous bénévoles, de Montreuil et des villes voisines.

Pour réaliser le suivi, nous avons parcouru à la nuit tombée les sentiers reliant la Mare de la Brie, la Petite Mare et la Mare Perchée, toujours dans cet ordre et suivant le même cheminement. Pour chaque mare, toute la berge est parcourue intégralement et tous les amphibiens adultes visibles à la lampe sont identifiés et comptés. Tous les animaux visibles dans les fossés le long du chemin, et sur le chemin lui-même, sont également identifiés et comptés.

Au total, 1105 amphibiens adultes ont été observés et comptés cette année ! Ce chiffre n’inclue pas les têtards et les pontes, observés parfois en abondance, mais sans faire l’objet d’un comptage. En 2014, 286 amphibiens adultes avaient été observés dans le cadre du suivi. Les effectifs de 2015 sont nettement supérieurs, même si le nombre de sorties était plus important.

Inventaire des espèces : de nouvelles confirmations de présence

La présence de sept espèces a pu être attestée cette année :

– le triton palmé Lissotriton helveticus, le triton ponctué Lissotriton vulgaris et le triton alpestre Ichtyosaura alpestris pour les urodèles,

– le crapaud commun Bufo bufo, l’alyte accoucheur Alytes obstetricans, la grenouille rieuse Pelophylax ridibundus et la grenouille rousse Rana dalmatina pour les anoures.

Le doute concernant la présence conjointe du triton palmé et du triton ponctué a été levé. Ces deux espèces du genre Lissotriton sont présentes en très faibles effectifs sur le site, ce qui de fait limite fortement le nombre des observations. En outre, il est très difficile voire impossible de les différencier sans les capturer, tant elles se ressemblent. Cette année, nous avons toutefois pu observer à deux reprises les deux espèces simultanément et confirmer ainsi avec certitude leur présence conjointe.

triton ponctué en phase terrestre migrant dans le parc des Beaumonts, Août 2015, cliché Quentin Rome

triton ponctué en phase terrestre migrant dans le parc des Beaumonts, Août 2015, cliché Quentin Rome

mâle de Triton ponctué en phase aquatique et livrée nuptiale, parc des Beaumonts, 19 mars 2015, cliché André Lantz

mâle de Triton ponctué en phase aquatique et livrée nuptiale, parc des Beaumonts, 19 mars 2015, cliché André Lantz

 La question de la présence éventuelle de la grenouille agile reste posée. Aucun individu adulte de grenouille du genre rana, qu’il s’agisse de la grenouille agile ou de la grenouille rousse, n’a été observé. La présence du genre n’est attestée que par l’observation des pontes. Les seules que nous avons pu identifier avec certitude ont été attribuées à la grenouille rousse.

La grenouille rousse est ainsi présente sur le site. Toutefois, sans comptage systématique des pontes et faute d’avoir réussi à observer les adultes, nous n’avons pas pu en évaluer la population. La “reproduction éclair” des grenouilles rousses dure seulement quelques jours, et sans surveillance quotidienne des mares il est difficile de pouvoir observer les animaux reproducteurs. Le suivi 2016 devra intégrer une estimation de l’abondance des pontes, par comptage des amas et/ou estimation de leur surface.

De la même manière, le suivi n’a pas permis d’évaluer la population d’alytes accoucheurs. Les adultes sont occasionnellement entendus et observés durant le printemps, mais principalement hors de la période que nous avons retenue pour le suivi. A l’âge adulte, l’espèce fréquente en outre très peu les mares. Les têtards de l’alyte peuvent en revanche être observés dans les mares au moment où les tritons se reproduisent. Facilement identifiables et de grande taille, ils feront l’objet d’un comptage en 2016 pour que nous puissions disposer de chiffres sur l’état de la population.

Les enjeux de conservation

La principale crainte que nous avions en démarrant le suivi 2015 concernait les impacts possibles sur les amphibiens des travaux paysagers lourds menés dans le parc à l’automne 2014. Les travaux de défrichage massif et de réouverture de la prairie, menés à l’aide de gros engins de chantier, laissaient craindre le pire. Les prairies et milieux boisés accueillent en effet les tritons, les grenouilles et les crapauds lors de la phase terrestre de leur cycle, de l’été jusqu’au printemps suivant. Nous craignions que de nombreux animaux aient pu être tués lors de ces travaux ou que leurs zones refuges, vitales pour traverser la période d’hibernation, aient pu être détruites.

Les comptages de 2015 ne nous ont toutefois pas permis de mettre en évidence ni de chiffrer un tel impact, les observations ayant même été en forte hausse par rapport à 2014.

En revanche, une mauvaise surprise est venue cette année du niveau d’eau général dans le réseau, de conditions climatiques qui ont retardé la période de reproduction et de la difficulté pour l’association d’obtenir une réaction rapide des services techniques de la ville.

L’hiver très sec n’a pas permis aux mares d’être alimentées en eau par les pluies. Ainsi début mars, l’essentiel du réseau était sec à l’exception de la Mare de la Brie et d’un tout petit secteur de la Petite Mare ou Mare du Mileu. La Mare de la Brie était en eau grâce à son alimentation naturelle par un affleurement de nappe phréatique, mais à un niveau toutefois très bas. Par rapport à 2014, le froid et la sécheresse ont ainsi retardé d’au moins 15 jours la migration des amphibiens et leur rassemblement dans les mares. Seule la grenouille rousse, toujours en avance, a pu se reproduire et pondre en abondance dans la Petite Mare début mars, dans une des rares surfaces en eau. Nous avons alerté la municipalité pour qu’elle remette en route au plus vite l’alimentation artificielle du réseau, de manière à compenser l’absence de pluie et protéger les pontes. Malheureusement, la remise en eau est intervenue trop tard et toutes les pontes observées début mars étaient mortes 15 jours plus tard, du fait de l’assèchement complet de la Petite Mare durant ces deux semaines. C’est un coup dur pour la grenouille rousse, espèce en régression au niveau national et qui constitue un enjeu de conservation dépassant le seul cadre du Parc des Beaumonts. Des pontes sporadiques plus tardives et des têtards ont pu être observés ultérieurement. Mais cet épisode aura compromis gravement la reproduction de cette espèce emblématique du parc et qui doit faire l’objet d’une attention particulière.

ponte de la grenouille rousse Rana dalmatina, parc des Beaumonts, 19 mars 2015,

ponte de la grenouille rousse Rana dalmatina, parc des Beaumonts, 19 mars 2015,

Les petits tritons restent également une source d’inquiétude. Les effectifs observés sont toujours extrêmement faibles, qu’il s’agisse du triton palmé ou du triton ponctué. En outre, ils semblent exploiter exclusivement la Mare de la Brie et demeurer absents des autres sites. Le triton ponctué est une espèce en régression qui constitue un enjeu de conservation en Île-de-France. Elle devra faire l’objet d’une attention particulière dans les prochaines années.

Le crapaud commun et le triton alpestre sont les amphibiens les plus abondamment observés au Parc des Beaumonts.

Par chance, nous avons programmé une des sorties en plein déclenchement de la migration des crapauds communs, et pas moins de 617 animaux ont été comptés en une seule soirée ! Les centaines d’animaux présents sur les chemins ont obligé ce soir-là tous les observateurs à bien regarder où ils posaient les pieds.

Le triton alpestre est également abondamment observé dans le parc. Les effectifs sont importants, et les adultes sont présents dans les mares sur une longue période, de mars jusqu’à août.

mâle de triton alpestre en phase aquatique et livrée nuptiale, Parc des Beaumonts, , 19 mars 2015, cliché André Lantz

mâle de triton alpestre en phase aquatique et livrée nuptiale, Parc des Beaumonts, , 19 mars 2015, cliché André Lantz

La Mare Perchée reste le site le moins intéressant pour les amphibiens. Cette année, seul le crapaud commun y a été observé en abondance, en nombre plus réduit que dans les autres sites.

La Petite Mare et la Mare de la Brie demeurent essentielles pour la reproduction.

Enfin, le réseau de fossés a encore démontré son importance. De très nombreux animaux y sont observés, tant en déplacement qu’en reproduction. Du fait de l’absence de protection, leur piétinement possible, notamment par les chiens des usagers du parc, demeure un problème.

Et pour 2016 ?

Nous pouvons d’ores et déjà poser quelques perspectives qui nous permettront d’organiser le suivi 2016 :

– quel sera l’impact de la canicule 2015 ? Après un hiver froid et sec, la faune du parc aura affronté la canicule de l’été 2015. Combinée au débroussaillage massif de 2014 qui aura vu se réduire les habitats arbustifs propices à la régulation de la température et de l’humidité, il est possible que la canicule ait impacté le peuplement des amphibiens du parc.

– statut du triton ponctué ? Des investigations devraient être menées pour mieux comprendre le statut du triton ponctué dans le parc, et trouver des solutions pour assurer sa protection.

– comptage des pontes et des têtards ; pour améliorer le suivi et établir des chiffres sur la présence de l’alyte accoucheur et de la grenouille rousse, le suivi 2016 sera augmenté avec le comptage des pontes de grenouille rousse et des têtards de l’alyte.

– observation de la migration dans la prairie centrale ; de nombreux crapauds ont été observés à la lampe en migration dans la prairie centrale, protégée par une clôture. Un comptage particulier pourrait y être conduit.

– constituer une banque de photos complète des amphibiens du parc, incluant les pontes, les larves, les adultes des deux sexes et le milieu.

mettre en place une veille particulière afin de pouvoir intervenir rapidement pour protéger les pontes de la grenouille rousse.

Tableau récapitulatif par date et par station des amphibiens en 2015 : 15_compt_amph

Alexis Martin 31 août 2015


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